Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Anthomobile
Visiteurs
Depuis la création 418 898
Archives
Newsletter
11 novembre 2014

Alfa Romeo Montreal

 

IMG_4193

Quiconque s'intéresse un tant soit peu à l'automobile connaît l'incontournable V6 "Busso" (du nom de son concepteur) qui équipa les Alfa Romeo avec tant de bonheur, de la 6 à la GT 3.2, dernière voiture à en avoir été dotée. Ce V6 est un moteur emblématique pour le constructeur milanais. Le V8, en revanche, est une architecture beaucoup moins répandue. On pense à la 8C Competizione, mais celle ci était dotée d'un V8 Ferrari/Maserati, d'une cylindrée de 4.7L et développant 450ch. Mais il y a également eu la Montreal, dotée elle d'un moteur maison. J'ai eu la chance de croiser cet exemplaire lors d'une balade dans le vignoble du Sauternais, ce dernier samedi. 

 

La fin des années 60 célèbre le centenaire de la confédération canadienne et l'exposition universelle de 1967 se tient à Montreal sous le thème "Terre des Hommes, L'Homme, constructeur". Fort d'un passé glorieux en compétition, associé à des pilotes talentueux comme Fangio, Alfa Romeo, constructeur de renom, revient alors sur le devant de la scène pour redynamiser son image sensiblement sur le déclin. La gamme Alfa entretient comme elle peut la flamme avec le coupé Giulia GT/GTV et la préparation de l'Alfasud, petit coupé populaire occupe toutes les ressources. Mais il manque au constructeur italien une vraie voiture de prestige. A l'occasion de l'exposition, Alfa Romeo veut frapper fort avec un concept-car spectaculaire et ainsi renouer avec son lustre d'antan, comme la 8C il y a 4 ans. 

Pour réaliser rapidement un prototype, Alfa Romeo utilise un maximum d'éléments du coupé GTV, y compris la mécanique, et confie la réalisation à son partenaire historique, Bertone. Le projet est mis en place assez rapidement sur une base d'Alfa Giulia et la présentation du concept-car Montreal a lieu comme prévu à l'exposition universelle de 1967 au Québec. 3 ans plus tard, au salon de Genève, Alfa Romeo présente sa voiture de série, dotée d'un inédit moteur V8 posé sur le train avant. L'objectif est alors de vendre 10000 voitures, au rapport prix/prestations attractif. Bien que le succès commercial fût modeste et décevant pour Alfa - un engagement en compétition aurait peut-être été souhaitable - la Montreal s'inscrit aujourd'hui parmi les Alfa Romeo d'après-guerre les plus exotiques et trouve un attrait progressif auprès des collectionneurs.

Nous sommes en 1967. Marcello Gandini, élève le plus doué de la maison Bertone est chargé de créer une voiture spectaculaire et évoquant une grande sportivité. Remarquez qu'il vient ni plus ni moins de signer son plus beau chef d'oeuvre : La Lamborghini Miura. Galvanisé par le succès de son travail pour Lamborghini, Gandini va exprimer son talent pour Alfa Romeo dans un registre un peu plus classique et qui amorce la transition de style qui s'opère entre le design des années 60 et celui des années 70, plus nerveux et agressif. Le style est à une période charnière, mais encore une fois très personnel et parfaitement assimilable à son créateur. Gandini doit également tenir compte du moteur placé à l'avant, ce qui l'empêche de faire un avant aussi plongeant que sur la Lamborghini. Par ailleurs, la voiture se doit d'offrir 4 places et un coffre digne de ce nom. Là encore, ces contraintes imposent une ligne moins proche d'une voiture de course que d'un coupé de grande série.

alfa-romeo-montreal-12jpg

1973_Alfa_Romeo_Montreal_For_Sale_Front_resize

 

Toutefois, le coup de crayon final réussit ce pari difficile et la Montreal offre une ligne racée et sportive. Elle attire le regard par ses références suggérées au mythique coupé de Sant Agata et ne s'identifie pas immédiatement en tant qu'Alfa Romeo. Que ce soit l'entrée d'air factice sur le capot, le semi-carénage ajouré et rétractable des phares, les fausses grilles d'aération sur les ailes arrière (imaginées pour un moteur central) ou encore la découpe de ses portières très proches de la Miura, la Montreal ne laisse pas insensible et sa ligne séduit par de nombreux détails de style. A l'issue de l'exposition à Montreal, les dirigeants d'Alfa Romeo décident d'exploiter l'écho médiatique international de l'exposition et le bon accueil du public pour développer un haut de gamme directement dérivé du show car. La Montreal voit le jour définitivement en 1971 et s'érige en porte-drapeau de la marque avec un style flamboyant et un prestigieux V8 dérivé de la Tipo 33 de course.

 

IMG_4194

 

Présentée dans un premier temps avec le petit quatre cylindres 1600 des Alfa Giulia GTV, la Montreal va ensuite s'offrir une mécanique plus à la hauteur de ses ambitions. Directement dérivé du V8 2 litres de la T33 de compétition, conçu par Carlo Chiti, un nouveau V8 de petite cylindrée fait son apparition. Il s'agit d'un 2.6L, obtenu par augmentation de l'alésage et de la course, bloc et culasses en alliage léger, avec vilebrequin à 5 palliers muni de contrepoids et lubrification par carter sec. Dans la tradition Alfa Romeo, les soupapes sont actionnées par double arbre à cames en tête par rangée de cylindres, lui-même entrainé par chaîne. L'allumage est électronique et on note également la présence d'un système d'injection mécanique Spica positionné au centre du V, et non de traditionnels carburateurs plus encombrants. Les alfistes diront "malheureusement", car ce système d'injection qui en est à ses balbutiements s'avère assez peu fiable et difficile à régler. Avec ses cotes supercarrées, le V8 Alfa prend allègrement plus de 7000 tr/mn, le haut de la zone rouge étant situé à 8000 tr/mn. Toutefois, contrairement au moteur de compétition qui sort plus de 400 ch à 11000 tr/mn, le couple a été privilégié sur la puissance. Celle ci se limite à 200 ch à 6500 tr/mn. 

Alfa_Romeo_Montreal_engine_TCE

 

Après avoir connu un succès mitigé, sur une faible durée de commercialisation (1971-1974), le premier choc pétrolier et la consommation importante du V8, eurent raison des ambitions commerciales de ce séduisant coupé, malgré une forte demande lors de l'année précédente, l'Alfa Montreal retrouve un certain succès sur le marché de la collection.

En effet, après avoir été longtemps boudée par les fans de la marque, elle retrouve progressivement des couleurs sur le marché de la collection et gagne sa place dans le coeur des collectionneurs. Le style typiquement "années 70" a fini par inscrire cette éphémère voiture dans la liste des classiques à posséder. La côte remonte à ce titre de façon significative puisqu'un beau modèle peut aujourd'hui s'échanger contre plus ou moins 30.000€. 

 

Anthony Desruelles

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Ué, 1971 pour la CSi. Vu l'époque et au regard de certains bolides italiens les carbus auraient pu faire l'affaire...une Countach contemporaine de la Montreal usait les carbus plutôt que de passer à l'injection.
Répondre
A
Excellente analyse comme d'habitude Captain ! Il est en effet probable que cette auto n'ait pas été mise au point de façon totalement aboutie et qu'elle ait donc laissé un sentiment de "bien mais peut mieux faire"... Ton parallèle avec le V8 qui aurait pu être plus consistant en cylindrée et chevaux est révélateur. Pour ce qui est de l'injection, si je ne m'abuse, BMW en équipait son coupé 3.0 CSi à peu près à la même époque, et il est probable qu'Alfa ne voulait pas que l'on dise qu'ils utilisent des carbus "archaïques", d'où l'utilisation d'une injection...
Répondre
K
j'adore cette Alfa, effectivement originale et qui affiche un charme typique de son époque.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre on peut s’interroger sur ce fameux premier choc pétrolier tellement castrateurs pour nombre de constructeurs latins. Je dis latin, parce que du côté de la germanie, il semblerait que la crise n'ai pas touché tout le monde de la même façon.<br /> <br /> Là où BMW ou Mercedes ont continué à développer des "gros"moteurs, d'autres ont fait machine arrière. <br /> <br /> <br /> <br /> Quand on connait le positionnement d'Alfa à l'époque on est en droit de s'interroger sur les prétendus effets de la crise sur ces constructeurs, parce qu'on se rend aussi compte que la priorité d'Alfa était sa gamme "basse" afin de toucher un large public. N'étant pas de cette génération, ce serait bien d'avoir d’éclaircissements de passionnés plus...moins jeune ;)<br /> <br /> <br /> <br /> D'ailleurs cette Montréal se voulait "grand public" et c'est peut-être là l'erreur d'Alfa.<br /> <br /> Au final on a un véhicule peu abouti (esthétiquement elle est armée pour un moteur central, au final il est implanté à l'avant), avec un gros moteur mais une faible puissance (200ch d'un V8, certes d'une faible cylindrée, ça sent l'inspiration américaine le couple en moins). <br /> <br /> <br /> <br /> On rajoute à cela une technologie (l'injection) peu maitrisée et on peut comprendre qu'elle n'ai pas rencontré son public. Avec des carbus ça l'aurait peut-être fait.<br /> <br /> <br /> <br /> On peut imaginer qu'avec un tarif plus élitiste, amenant une conception plus aboutie, cette Alfa aurait pu connaitre une autre carrière.
Répondre
A
Peut être que j'irai un jour... Enfin, pas que pour voir des Youngtimers bien sûr ! Le paysage doit valoir le coup.
Répondre
Publicité