Dix ans en 406 2.2 16v !
« J’ai dix ans… je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans… » chantait Alain Souchon au début de sa carrière. Et pourtant, si. Dans mon cas, c’est vrai. Voilà dix ans jour pour jour que je suis derrière le volant de ma 406, dont l'inauguration eut lieu sous les rafales de vent et les trombes d'eau de la tempête Klaus : il y a dix ans, à cette heure-ci, je tenais le volant fermement des deux mains. Que ça passe vite, dix ans… Le dernier bilan (en deux récits distincts) que j’avais fait de ma voiture remonte à 2015 (ça se trouve ici et là) et il m’a semblé important de placer une nouvelle balise du chemin parcouru ensemble à l’occasion des dix ans. Tout d’abord, ça paraît logique, si je l’ai toujours, c’est que je suis toujours aussi satisfait de cette voiture. J’ai brossé tous les aspects dans mes précédents comptes-rendus et il n’y a pas grand-chose à rajouter du strict point de vue de la conduite, l’essentiel ayant été dit. Pour ce qui est du vécu de l’auto, en revanche, il y a eu quelques péripéties entre-temps, dont une en particulier où on peut dire que moi et ma voiture avons eu chaud : au sens figuré pour ma part, et au sens propre pour elle.
Le 1er Janvier 2017, elle passait tranquillement le jour de l’an dans le garage de mes parents, et vers 19h, alors que nous finissions de digérer un copieux repas : les détecteurs de fumée de la maison retentissent et de la fumée épaisse remonte du garage ! Mon père s’est immédiatement emparé d’un extincteur à poudre pour éteindre le feu qui s’était déclaré sur son établi, et ma 406 était garée à côté… Grâce à son courage et sa réactivité, les dégâts ont pu être vite limités et je m’en suis sorti avec le phare gauche et le pare-chocs à changer. Plus de peur que de mal, même si sur le moment, je n'en menais pas large... Après coup, on a su que le feu est parti du court-circuit d'un décapeur thermique. Cela aurait pu se finir d'une manière bien plus tragique...
En septembre 2017, ce fut au tour des quatre amortisseurs et de leurs coupelles d’être remplacés, comme je l’avais expliqué ici et je lui ai également mis quatre Michelin PS4 en mars 2018, car les Bridgestone ER300 à l’avant commençaient à être bien usés, et les arrière accusaient déjà cinq ans d’âge, avec le durcissement de la gomme que cela implique. De quoi retrouver des qualités routières de premier plan, dignes des éloges qui ont été faits par les journalistes qui ont eu des 406 dans les mains, à l'époque de ses essais presse.
Pour le reste, rien de bien méchant à noter. Une petite contrariété a toutefois surgi fin juillet 2018 quand je me suis retrouvé avec le voyant d’autodiagnostic moteur et une mise en mode dégradé sur la route. Je me suis mis en feux de détresse sur le bas-côté, j’ai éteint le moteur, attendu une minute puis j’ai redémarré : le voyant était toujours allumé mais le moteur avait retrouvé sa puissance normale. Par chance, je n’étais pas très loin de chez mon garagiste et j’ai rebroussé chemin pour soumettre le problème à ses bons soins. Je lui ai bien signifié que les choses n’étaient pas urgentes car je savais que pendant ce temps, la 605 V6 paternelle allait endosser le rôle de voiture de courtoisie, et d’autre part il était tout seul à gérer la boutique, son salarié étant alors en congés.
Une 605 V6 ES9 comme voiture de courtoisie : il y a pire non ?
Une semaine plus tard, il m’appelle pour me dire qu’elle est prête et qu'elle tourne comme une horloge avec en plus la clim rechargée et un traitement antibactérien des conduits de ventilation effectué, comme je l’avais demandé en prime de la réparation du problème moteur. Pour celui-ci, la solution a consisté en un nettoyage du boîtier papillon motorisé (décidément, c’est un peu le maillon faible de ce moteur…) et des broches des connecteurs de celui-ci, passés à la graisse de contact. Après l’effacement des codes défauts à la valise pour éteindre le voyant, elle était de nouveau apte au le service.
Fin novembre dernier, mon garagiste s’est occupé de la contrôler et de lui faire un petit entretien juste avant de la présenter au contrôle technique : vidange moteur, vidange du circuit de refroidissement et du liquide de freins. Bilan du contrôle : vierge hormis l’habituel réglage trop haut du faisceau des antibrouillard avant que j’ai eu comme à chaque fois, pour la forme.
Je suis toujours aussi bien au volant de cette voiture très homogène et son faible coût d’entretien me convainc chaque fois que je vois une voiture moderne affublée d’une panne coûteuse, de la conserver : elle fait partie de cette génération d’autos à la mécanique encore gérable soi-même ou par un petit garage indépendant qui ne vous attend pas avec une facture à quatre chiffres après avoir remplacé des pièces onéreuses qui sont désormais de plus en plus des consommables. Ah les joies des filtres à particules, turbos, sondes, pompes haute pression, injecteurs jetables… Alors certes, je n’ai pas d’écran tactile, pas d’avertisseur de franchissement de ligne, pas d’éclairage d’ambiance de la planche de bord avec diffuseur de parfum et machine à café incorporée mais au fond, je m’en fiche : je considère tout ça comme des gadgets, sources de nouvelles pannes potentielles. Les prestations routières me conviennent toujours fort bien, il y a largement de quoi doubler rapidement les zélotes du 80, elle m’inspire confiance par tous les temps, l’intérieur présente encore très bien en raison d’un usage soigneux de ma part, le confort est meilleur que dans nombre de voitures actuelles dont les sièges se sont mis à la mode de la fermeté germanique (y compris chez les français…) et qui ont fréquemment des pneus taille basse qui coûtent une fortune à remplacer, avec des jantes de 18 pouces, ce qui occasionne une piètre filtration sur mauvais revêtement, un accastillage extérieur vulgairement chargé qui camoufle un moteur tout ce qu'il y a de plus banal (ah, les finitions AMG-Line, M Sport sur des compactes diesel d'une centaine de chevaux...) des surfaces vitrées trop petites et des montant de carrosserie épais qui induisent des angles morts partout (on comprend mieux la généralisation des caméras de recul voire des caméras à 360° qui permettent de faire les manoeuvres sur les tablettes tactiles qui ont investi les planches de bord modernes) et des moteurs fadasses aux profils et prestations interchangeables d’une marque à l’autre. Non, vraiment, je préfère garder ma bonne vieille mémère non-downsizée et rempiler pour dix ans avec : elle ne demande que ça…
Anthony Desruelles