15ème traversée de Paris en anciennes
En dépit des tragiques évènements de la semaine dernière qui ont plongé la France dans l'effroi, cet incontournable rendez-vous d'amateurs d'automobiles anciennes a bien eu lieu. Eu égard à la situation de vendredi dernier Porte de Vincennes, à quelques encablures du château, le maintien de la manifestation n'avait rien d'évident. Pourtant, la traversée a bien eu lieu, avec au programme, du beau temps et un parterre de véhicules de divers styles, époques, catégories... Les participants ont massivement montré leur soutien aux victimes des attentats avec de nombreux autocollants "Je suis Charlie" et des rubans noirs accrochés à leurs véhicules. Une belle façon de montrer que les choses reprennent leur cours normalement, juste avant la spectaculaire mobilisation de l'après midi dans les rues parisiennes.
Une fois le contexte posé, place au déroulement proprement dit. Le rendez-vous était fixé à 7h30 sur l'esplanade du Château de Vincennes, pour que les équipages se voient attribués numéros de participants et visuels décoratifs, et le départ a eu lieu à 8h, direction la première étape, la Bastille. Pour les personnes n'ayant pas de voiture vintage, ou pour la presse, des bus anciens ont été affrétés par le pôle collection de la RATP. En l'occurrence, j'ai arpenté les rues de Paris, accompagné d'un ami, fidèle "Anthomobiliste" et co-photographe pour l'occasion, à bord de ce Renault TN6 des années 30, très bien conservé et encore vaillant.
Le cortège se composait de véhicules très divers, tordant ainsi le cou à toute forme de sectarisme ou d'élitisme : Un moment où l'on voit une Peugeot 204 passer à côté d'une Ferrari 330 GT4 est forcément un moment rare dont il faut profiter.
En chemin, comme c'est inévitable lors de ce genre d'évènements, certains participants ont du affronter quelques pépins mécaniques.
Une fois arrivés à la Bastille, nous empruntons ensuite la rue de Rivoli, en direction de la Concorde. Nombreux sont les passants à prendre en photo le cortège et à faire des pouces levés. Un fort bel esprit.
Après un bon quart d'heure de pause sur la place de la Concorde, pendant lequel les gens ont eu tout loisir de prendre des photos, le cortège repart vers les Champs-Elysées. Nous pouvons noter que "notre" bus s'est entre temps garni de nouveaux passagers, et prendre des photos depuis la plate-forme arrière où nous nous trouvons devient plus compliqué: nous en profitons pour échanger avec les présents et nous amuser d'anecdotes, toujours croustillantes quand il s'agit d'autos anciennes.
Après avoir déposés certaines personnes souhaitant photographier ou filmer les voitures défilant sur l'avenue, les bus font le tour de la Place de l'Etoile et, tournant de la manifestation, continuent leur chemin sans nous récupérer. Ce n'est pas bien grave, ils étaient devenus surchargés et nous décidons de prendre le métro pour retourner à la Concorde, pour éventuellement les rattraper là bas. A l'arrivée, pas de bus mais nous sommes quand même au milieu de beaux engins, comme par exemple une 604 V6 SL couleur "pierre de lune" dans un superbe état de conservation, et dont le démarrage a donné de quoi contredire les gens considérant le V6 PRV comme un moteur boiteux et sans musicalité. Nous avons aussi vu une rarissime Lancia Monte-Carlo, mue par le fameux bloc "Lampredi" qui était à l'époque, le moteur "à tout faire" chez Fiat-Lancia. Cette auto est l'exemple même d'une voiture, de par son allure, que l'on croit motorisée par un bloc puissant et noble, sans rien enlever aux qualités de son 2.0L double arbre.
Je vais quelque peu déroger à la règle car il ne s'agit pas d'une auto ancienne, mais en tant que Ferrariste, je suis resté bouche bée quand est venu se garer une 599 GTO tout près de nous. Par un heureux hasard, une 365 GTB/4 Daytona s'est arrêtée à côté afin de se faire tirer le portrait en compagnie d'une furie de 670ch.
Nous reprenons le métro en direction du Château de Vincennes pour assister à l'arrivée du cortège et effectuer nos derniers clichés de ce très beau parterre de voitures, dans le superbe cadre que l'obscurité matinale du départ a masqué.
Anthony Desruelles: Texte et photos
Nicolas Fourny: Photos