Rétromobile 2018
"Tu viens à Rétromobile cette année ?"
La question est importante, car l'exposition parisienne, si elle n'est ni la plus vaste, ni la plus fréquentée d'Europe, demeure cependant l'un des rendez-vous essentiels de l'année pour les collectionneurs, clubs, maisons de vente, professionnels et même pour certains constructeurs (nous écrivons certains car, renonçant à une longue tradition, BMW ou Mercedes-Benz ont choisi de ne plus y tenir de stand, tandis qu'Audi et VW continuent, de façon incompréhensible, à cantonner leurs activités dédiées aux anciennes à un strict minimum en France, au grand désarroi de nombreux amateurs). Cette édition 2018 suscite cependant beaucoup d'émerveillement et de bonheur et ce, quelles que soient les époques et/ou marques de prédilection des uns et des autres.
Que l'on s'intéresse aux grandes classiques comme la Voisin Aérodyne, aux légendes absolues comme la Ferrari 250 châssis court (dix exemplaires réunis sur un même stand : du délire !), aux youngtimers comme la Citroën CX ou la Porsche 959, aux créations iconoclastes comme les autos créées par le pilote Jean-Pierre Wimille ou aux machines de course comme la McLaren M8D, la visite ne peut que captiver, d'autant que le plus érudit des passionnés y apprendra toujours quelque chose, en examinant un modèle de près, en étudiant une fiche technique ou en échangeant avec un responsable de club. Evidemment, certains choix pourront paraître contestables : que Renault (qui fête ici ses 120 ans) tienne absolument à exposer l'une des toutes premières Mégane Scénic, pourquoi pas, mais il est dommage d'avoir "oublié" les quarante ans de la R18 qui, y compris dans ses versions les plus humbles, commence à retenir l'attention des collectionneurs.
On peut formuler le même reproche à l'égard de l'Aventure Peugeot Citroën DS qui n'a pas su faire de place à la Visa, elle aussi quadragénaire désormais, au profit de modèles contemporains comme la DS 5 ou la C3 Aircross qui, on ne le répétera jamais assez, n'ont rien à faire ici. Au chapitre des réjouissances, mention spéciale à la maison Artcurial qui a une fois encore réuni un plateau d'exception où l'éclectisme règne en maître. Citroën CX Concorde (à restaurer, d'où une estimation qui a suscité des cris d'orfraie tout à fait superflus de la part de certains...) et DS 19 cabriolet Pichon-Parat, De Tomaso Mangusta, Iso Grifo, Maserati Mistral et 3500 GT, Bentley Continental S2 cabriolet Park Ward, Lamborghini Espada, Alpina B6 de 1970 (!), Alpine GTA prototype, Monica 560 ou Hispano Suiza J12, entre beaucoup d'autres, ces autos à elles seules justifient la visite.
En termes de tendances, nous avons pu noter que l'influence du marché allemand se fait ressentir sur les prix pratiqués par certains professionnels de la restauration comme Brabus Classic ou les départements dédiés de certains constructeurs, comme Jaguar Land Rover : dépasser les 100000 euros pour l'un des premiers Range en état strictement neuf (et sans doute reconstruit avec bien plus de soin qu'à l'époque), ou approcher le demi-million pour une Mercedes-Benz Pagode, donne une assez bonne indication de l'évolution du marché. Une clientèle existe pour ces niveaux de prix, qui souhaite obtenir des autos "clés en main" et pouvoir s'appuyer sur une garantie digne de ce nom. La notion d' "excellent état", telle qu'on peut la rencontrer à longueur de petites annonces sur certains sites français, se trouve violemment déclassée lorsqu'on peut détailler l'une de ces voitures, et la multiplication de ces propositions tire l'ensemble des prix vers le haut (nous avons vu une Visa 14 TRS proposée à plus de 6000 euros !), y compris lorsque les modèles proposés sont nettement moins reluisants... En attendant, cette édition ouvre comme toujours la saison de bien belle façon !
La Peugeot 504 fête ses cinquante ans
Une Renault Alliance immaculée (vous en voulez Encore ?)
Sublime Iso Grifo en vente chez Artcurial...
... tout comme cette impressionnante Ferrari FXX, version coursifiée de la Enzo dans le cadre d'un programme de course pour clients
Ferrari Testarossa "Monospecchio" (mono-rétro)
Texte & photos : Nicolas Fourny