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14 avril 2017

WEC 2017 : une saison aux lourds enjeux...

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Dimanche prochain, à 13h, la nouvelle saison du championnat du monde d'endurance (FIA WEC) sera lancée sur la piste anglaise de Silverstone. Je me suis déjà exprimé à propos du vif intérêt que j'éprouve pour cette discipline, la seule digne d'intérêt aujourd'hui à mes yeux, (ceci dit, le départ de Bernie Ecclestone et les nouvelles réglementations en F1 et en WRC vont certainement m'amener à jeter un oeil pour voir ce qui s'y passe...) mais cette saison qui s'annonce suscite un double sentiment chez moi : l'excitation de voir de belles séquences tout au long des neuf courses qui composent le championnat, et je le dis sans ambiguité, une certaine inquiétude. 

Je n'ai jamais fait mystère de ma préférence pour les moteurs à essence, par conséquent, je n'ai jamais été un fervent supporter d'Audi qui utilisait depuis 2006 (à cette époque, l'endurance n'était pas structurée sous la forme du championnat actuel) des propulseurs diesel. Cependant, leur retrait à l'issue de la dernière saison, avec un doublé à Bahreïn lors de la dernière manche signant un baroud d'honneur, ne m'a pas rempli de joie, bien au contraire. J'ai toujours considéré Audi Sport Joest avec beaucoup de respect en leur reconnaissant une grande maîtrise technique, des pilotes de premier plan (dont André Lotterer, qui s'installera dans le bacquet de la Porsche 919 dès dimanche), et un staff d'un incontestable professionalisme. Faute de remplacement par l'arrivée d'un nouveau protagoniste, la catégorie reine des LMP1 hybrides va se retrouver à deux acteurs seulement : Porsche et Toyota.

Il va sans dire qu'une catégorie déjà peu fournie en compétiteurs, et qui se voit réduite d'un tiers, fait prendre le risque d'amoindrir la qualité du spectacle en course. Verra-t-on de belles passes d'armes comme ce fut le cas jusqu'à présent ? Les faits de course (pannes, accidents, crevaisons...) ne rendront-ils pas l'une ou l'autre marque trop vite seule en course ? Quid du scénario dans lequel l'une ou l'autre écurie prendrait les choses à son compte très tôt dans la saison, tuant ainsi tout suspense ? Beaucoup de doutes se font ainsi ressentir à l'aube de la nouvelle saison. Espérons donc que le match Porsche-Toyota soit équilibré, c'est, à mon avis, ce point qui est garant de l'intérêt des courses. Toutefois, au vu du scénario incroyablement cruel pour Toyota qui a du laisser, à moins de cinq minutes du drapeau à damiers, la victoire à la Porsche n°2 de Neel Jani, Marc Lieb et Romain Dumas aux dernières 24 Heures du Mans, en raison d'une panne sur la TS-050 n°5 pilotée à cet instant par Kazuki Nakajima, on peut raisonnablement penser que la soif de revanche sera, dès la première manche, au rendez-vous chez le constructeur japonais, et que les ingénieurs de la marque japonaise ont fait le nécessaire pour que leurs protos soient d'emblée compétitifs.

Cette crainte que je nourris quant à un éventuel sentiment d'ennui au plus haut niveau du WEC semble être partagée : il suffit de prêter un peu d'attention au nouveau règlement, qui impose deux kits aero pour la saison (contre trois auparavant) ainsi qu'une limitation des systèmes de récupération d'énergie : ils resteront à deux (au freinage et à l'échappement) alors que Toyota et Porsche avaient commencé à travailler sur le développement d'un troisième accumulateur. Ces éléments ont le mérite de la clarté : il s'agit de mesures destinées à contenir le prix du ticket d'entrée dans la discipline (moins de coûteuses heures de soufflerie, moins de R&D), de manière à attirer un troisième larron qui ferait beaucoup de bien dans la catégorie "P1"... Par un heureux hasard, Carlos Tavarès s'est déjà exprimé à ce sujet et il a posé une condition sine qua non pour un retour de Peugeot Sport dans le championnat du monde d'endurance : un budget de participation "maîtrisé". C'est la dernière des conditions pour espérer un retour de Peugeot dans la discipline, les deux autres étant une victoire au Dakar et des résultats financiers positifs : c'est chose faite pour les deux. Il ne reste plus qu'à espérer... 

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Mais, pour autant, le WEC, ce n'est pas uniquement la catégorie LMP1... Comme je l'avais déjà mentionné, ce qui fait, entre autres, l'intérêt de cette branche du sport automobile de haut niveau, c'est la multiplicité des voitures sur la piste, regroupées en trois grandes catégories : LMP1, LMP2 et GTE Pro/Am. Or, contrairement à ce qui se produit dans la catégorie reine, les catégories inférieures ne s'exposent pas à un risque de monotonie, bien au contraire. Ainsi, l'écurie Alpine-Signatech qui a survolé les débats en 2016, malgré l'arrivée du chevronné Romain Dumas (malheureusement chassé du bacquet de sa 919 Hybrid qui lui offrit pourtant le titre de champion du monde pilotes ainsi que l'emblématique épreuve mancelle), verra de solides concurrents pour lui disputer le titre : citons par exemple, G-Drive Racing, son plus zélé poursuivant l'an dernier, Manor qui compte les anciens pilotes de F1 Jean-Eric Vergne et Vitaly Petrov, ou encore TDS Racing qui associe l'expérience d'Emmanuel Collard à la fraîcheur du jeune et rapide Matthieu Vaxivière. La vraie nouveauté pour cette catégorie intermédiaire, c'est l'arrivée de Rebellion Racing, qui abandonne sa catégorie spécifique "LMP1-L" (non-hybride), faute de pouvoir concurrencer à la régulière les poids lourds que sont Porsche et Toyota. Bykolles Racing y reste et en devient l'unique protagoniste, sans toutefois plus d'espoir à nourrir que des abandons des deux Porsche et des deux Toyota pour monter sur la première marche d'un podium. Pour en revenir à Rebellion, l'équipe suisse qui change de nom pour "Vaillante Rebellion" inscrira donc en LMP2 deux Oreca 07, qui seront pilotées par des valeurs sûres (Nelson Piquet Jr, Julien Canal, Bruno Senna...). 

Côté "GTE Pro", on comptera quatre constructeurs, comme l'an dernier (Ferrari, Ford, Porsche et Aston Martin), mais les deux nouveautés majeures pour la catégorie résident dans l'arrivée d'une nouvelle Porsche 911 RSR à moteur central atmosphérique (les Ferrari 488 et Ford GT utilisent quant à elles des moteurs turbo), ainsi qu'une BOP (Balance of Performance, système de mise à niveau des performances selon des caractéristiques techniques qui diffèrent) établie non plus par des hommes mais par un système informatisé, avec prise en compte des chronos sur 60% des meilleurs tours en course. Reste à voir si la vieillissante Aston Martin V8 Vantage restera aussi compétitive que l'année dernière avec l'arrivée de la nouvelle 911 RSR, et les évolutions portées sur les 488 GTE et Ford GT.

Même si cette première saison sans Audi et à deux écurires LMP1 peut légitimement sembler sinon inquiétante, tout au moins intrigante, elle constitue un véritable challenge, un moment de transition. Outre le spectacle, qui a sur le papier tout pour être assuré, et de belle manière, dans les "petites" catégories, LE point clé sur la ligne de départ de cette édition 2017 est celui là : est-ce que Porsche et Toyota seront à la hauteur pour assurer le spectacle à deux comme il se doit ? Dans ces moments, ma nature est du genre optimiste. Je prends donc les paris d'une réponse par l'affirmative. On se donne rendez-vous en novembre prochain pour en tirer les enseignements, d'ici là, bon championnat à tous ! 

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Anthony Desruelles

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